Le maraboutisme se conjugue au masculin et au féminin en Tunisie.
Il n’y a pas uniquement des saints qui ont suscité la dévotion des gens, mais également des saintes célèbres qui sont entrées dans la postérité, à l’instar de Sayda Aïcha Mannûbiya. Une autre sainte moins connue continue jusqu’à aujourd’hui à soulever des élans de ferveur auprès de la gent féminine. Il s’agit de Lella Arbia dont le discret mausolée se trouve près de l’ancienne porte de Bab Jdid. Celles qui lui rendent visite sont pour la plupart des femmes mariées qui souffrent de troubles de fertilité et qui croient fermement à la croyance selon laquelle adresser des vœux à cette sainte permettrait de réaliser des miracles.
Dans ce petit sanctuaire où les couleurs psychédéliques dominent, les rituels insolites pratiqués dans ce lieu sont demeurés inchangés depuis des siècles. Après avoir salué et discuté avec la gardienne des lieux, les visiteuses, qui doivent venir munies «d’un balai» pour chasser les mauvais esprits et d’un pain, déposent de l’encens et des bougies près du catafalque drapé de vert de la sainte, en susurrant leurs vœux.
L’ambiance feutrée de la petite pièce à peine éclairée procure calme et bien-être aux femmes venues chercher du réconfort ainsi que la bénédiction divine en sollicitant spirituellement ces marabouts, dont la vie ascétique et remplie de vertus les «rapproche de Dieu». Si cette sainte n’est dotée en réalité d’aucun pouvoir miraculeux de guérison, son âme bienveillante continue à veiller sur ces femmes, qui recherchent dans le mysticisme et la spiritualité, dont sont auréolés ces marabouts, une source de réconfort à leurs soucis du quotidien.